Universités, ils nous les brisent !

Publié le par SUD-Etudiant Lyon

 

Aide-toi, le marché t'aidera (ou pas)

 

Dans notre société tout est pensé en terme de profits, d'échanges économiques et de rentabilité, y compris l'éducation. Que dire d'une société qui en vient à payer les élèves d'un lycée professionnel pour qu'ils assistent aux cours ? Que dire d'une société qui, dans le même temps, attend de la formation des étudiants un retour sur investissement rapide, sous forme d'adéquation des diplômes aux besoins du bassin d'emploi ? Que dire d'une société qui veut que toutes les institutions, y compris l'université, soient gouvernées comme le sont les entreprises ?

Ce que l'on peut dire est en fait assez simple, c'est une société qui ne veut plus être une société mais un marché géant où évoluent des agents économiques rationnels, dont le seul but est la poursuite de leur intérêt personnel.

 

Dans cette société, notre formation à l'Université, n'a plus pour but que de nous préparer à cette longue vie de marché, de renforcer notre adhésion à un système qui contrairement à ce que l'on dit, n'a rien de naturel pour l'Homme. Dans une société de marchands, l'Université n'a plus alors que pour fonction de devenir le lieu de la formation (sommaire) des marchands de demain.

 

L'université a été longtemps épargnée par cette marchandisation du monde, en tout cas en France. Mais ce n'était que partie remise. Les gouvernants français, de droite comme de gauche, lorgnaient sur le système américain, dont les universités sont réputées les meilleures du monde. En 1999, à Bologne, lors d'une réunion entre les ministres de l'éducation de tous les pays européens (et d'autres pays occidentaux), des objectifs et des mesures furent définis pour coordonner la grande mise en concurrence du monde de l'enseignement supérieur. L'Union Européenne a repris à son compte une grande partie de ces objectifs dans sa « stratégie de Lisbonne ».

 

Libérez nous des libéraux !

 

Ces principes élaborés au niveau européen, ont eu des implications législatives en France.

La loi en elle-même a deux axes principaux :

  • Le Président de l'université, tel un PDG est le seul maître à bord :ses pouvoirs en matière de recrutement ont été étendus, il peut notamment très facilement recourir à des contrats précaires. En vrai manager, le président doit pouvoir constituer une équipe selon ses besoins, au CA il nomme des personnalités extérieures, et bien la loi prévoit explicitement que ces personnalités comprennent « au moins un chef d'entreprise ou cadre dirigeant d'entreprise ».

  • Le second axe concerne les liens avec les entreprises. La loi prévoit que les universités pourront être financées par le biais de fondations qu'elles créeront et qui récolteront des fonds auprès des entreprises. la contrepartie exigée par une entreprise en échange de son financement : des gens formés selon ses besoins, qui n'ont pas forcément l'esprit critique développé...

Mais la loi a également été suivie de trois décrets, qui sont ses corollaires :

 

  • Celui sur le statut des enseignants chercheurs, a été le déclencheur de la reprise du mouvement l'année dernière. Il prévoyait, en substance, que les enseignants-chercheurs les moins bons (ceux qui seraient les moins publiés et cités dans quelques revues prestigieuses dont la liste est déterminée par le décret), devraient assurer des heures de cours plus nombreuses.

  • Le décret sur le contrat doctoral unique, qui permet à l'université de payer la moitié d'un salaire à un doctorant, pour qu'il travaille à moitié prix pour une entreprise sans rapport aucun avec son domaine de recherche. Là encore, on transforme le monde universitaire en machine à fournir de la main d'oeuvre à prix défiant toute concurence.

  • Le décret sur la formation des enseignants du secondaire, enfin, a réduit la période de stage en école des futurs enseignants, passée d'un an à trois mois. La création des masters « enseignement » concurrencera les masters « recherche », lesquels seront progressivement supprimés car non rentables.

 

 

L'université que nous voulons

  • Nous sommes en faveur de la gratuité et de la liberté d'accès à l'université. L'argent ne doit pas être un frein à la transmission du savoir. Tous et toutes doivent pouvoir s'inscrire, assister aux cours, et obtenir des diplômes sans condition ou distinction sociale, ethnique, sexiste et générationelle.

  • Nous affirmons la primauté de la mission éducative de l'université. Elle est avant tout un lieu de transmission du savoir et ceci est sa principale préoccupation. Elle est un lieu de recherche, d'apprentissage et de dialogue. Dans ce cadre, la professionnalisation des étudiants doit rester absolument secondaires.

  • Nous sommes favorable à une autogestion administrative des universités. Celles-ci doivent donc pouvoir s'administrer elles-mêmes, collégialement, sans intervention extérieur, en particulier du monde professionnel.

SUD étudiant-e-s Lyon

sudlyon@no-log.org

http://sud-etudiant.lyon.over-blog.com

Publié dans Général

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